Karsha

Dans la grande et plate vallée de Padum, plusieurs villages méritent d'être visités. C'est le cas de Karsha, un petit village au pied de la montagne surmonté du monastère Champaling gonpa accroché sur la pente. 

Pour y aller, là encore nous n'avons pas trop le choix. Pas de bus, aussi c'est le taxi ou le taxi. Il nous en coûtera 800 rps pour 10 km. Eh oui, c'est plutôt cher pour un aller simple. Nous lui demanderons de nous déposer au monastère point le plus haut, au moins on n'aura pas toute la grimpée à se farcir. Nous avons emporté un sac avec juste ce qu'il faut pour la nuit mais pour ne pas à avoir à se les trimbaler pendant la visite du monastère, nous les laisserons à un moine bienveillant qui loge à l'entrée. Les moinillons sont scolarisés dans les monastères, ils y apprennent entre autre l'anglais. Nous serons autorisés à rentrer dans la petite pièce qui fait office d'école où une dizaine d'élèves de tout niveaux étudient. Nous arrivons maintenant au point le plus haut, là où se tient le gonpa. Mais il est déjà midi et l'heure du repas est annoncé par un jeune moine en soufflant dans un gros coquillage. Les petits moinillons s'installent, gamelle à la main, sous le préau de la cour du gonpa. Leur pâtée sera servie par un plus grand, un seau plein de... je ne sais trop quoi comme bouffe. Et hop, une louche dans la gamelle, un autre moine distribuera des pains cuits à la vapeur. 

Le monastère est superbe et le regard embrasse toute la vallée de Padum, c'est magnifique. Le village est très typique, il comporte beaucoup de moulins à prières, les rues sont bardées de drapeaux de prières et les chortens nombreux. La visite terminée, nous récupérerons nos sacs chez le moine "concierge". Il ne se contentera pas de nous les restituer mais poussera son sens de l'accueil jusqu'à nous offrir une briquette de jus de fruit et des biscuits qu'il nous tend dans une assiette. Plus encore, nous sommes invités à nous asseoir dans sa loge pour nous offrir le thé et encore d'autres gâteries. Trop aimable notre ami moine.


Shila

Aujourd'hui, on se fera une petite mise en jambe en perspective du trek d'après-demain et pour ce faire, nous avons choisi le village de Shila situé à 8 km de Padum. Deux heures de marche sur une route plate et monotone dans un décor minéral sont nécessaires pour l'atteindre. Par contre, ce sera sous le cagnard et les endroits ombragés sont rares. Quelques rochers, à défaut d'arbre, nous offrirons une relative et appréciable fraîcheur.  Après une heure et demie de marche nous atteignons les premières parcelles de verdure. Il est midi et nous ne trouverons pas mieux que le petit bâtiment qui abrite le moulin à prière pour pique-niquer. Nous étions sur le point de terminer notre frugal repas qu'un homme nous aborde pour nous proposer du thé. Voilà qui est fort sympathique, nous acceptons volontiers. Ce sera sa fille, Stanzin, qui nous accueillera dans sa modeste maison, lui, vaquera à ses occupations agricoles. La jeune fille est charmante, elle nous servira un thé légèrement mentholé et un délicieux pain de sa confection. Actuellement en vacances, elle est étudiante à Jammu en biologie. Elle est la confirmation de l'accueil des ladakhis et des zanskaris qui ne cessera de notre surprendre agréablement. Le village méritait le déplacement, il est très typique et authentique, rares sont les touristes qui visitent ce village.


Le festival de Sani

Au programme aujourd'hui, le festival de Sani et il faudra trouver un moyen de locomotion pour y aller. Le début des festivités est prévu à 10 h, ce qui nous donne le temps de chercher. On se pointe dans le centre ville à la recherche d'un moyen de transport. Le proprio d'un pick up accepte de nous emmener mais il demande 100 rps. Un peu cher pour ce genre de prestation, les locaux, eux, ne paient que 20 rps. Cherchons ailleurs. En marchant dans la rue, il me vient l'idée de répéter bien haut: "Sani! Sani! Sani! C'est là qu'un homme me répond qu'il y a un bus prêt à partir un peu plus loin. Parfait, et le tarif n'est que de 20 rps. Par contre, il mettra un bon moment à démarrer, le temps qu'il se remplisse.

Les locaux arrivent en nombre dans le village et beaucoup, surtout des femmes, ont revêtu leurs vêtements traditionnels. Certaines femmes portent également, la coiffe typique, recouverte de turquoises, le peyrac. On s'installe autour de la petite cour où le spectacle aura lieu, il n'y a encore pratiquement personne d'installé. Assis sur un petit muret on devrait être bien placé pour voir. Le temps passe mais encore rien ne se passe et toujours peu de monde autour de la petite cour. C'est curieux, je me décide donc à jeter un coup d'œil vers les arrières du gonpa. En fait, tous les locaux pénètrent par une petite porte qui mène à un espace où un jeune garçon de 7 ans, un rimpoche c'est-à-dire la réincarnation d'un lama, se tient là pour être vénéré. Figure aussi une chapelle où trône une statue qui n'est dévoilée qu'une fois par an à l'occasion du festival.

Longue sera l'attente et le festival ne commencera qu'à 13 h. Entre temps notre espace se trouvera de plus en plus réduit, grignoté par les mamies qui l'envahissent jusqu'à s'appuyer sur nos pieds et nos jambes. Certains spectateurs empiètent également et largement sur l'espace où évolueront les danseurs. Aussi les moines les éjectèrent sans ménagement en les empoignant par les épaules, certains même useront du bâton, en dissuasion seulement, quand même.

 Difficile de faire respecter l'ordre chez les zanskaris. Une fois tout le monde en place, c'est au serveur de thé et de riz de rentrer en scène, une poignée de riz et du thé sera distribué à qui voudra et pratiquement tout le monde en demande. Enfin le spectacle commence, nous verrons les classiques des festivals et aussi la danse des jeunes mariés interprétée par des femmes et des hommes en tenue traditionnelle. Ils recevront des quantités incroyables d'écharpes blanches en gage de bonheur et aussi quelques billets. Les femmes recevront tellement d'écharpes qu'elles ressembleront presque à des ballots de linge à pattes. Il y eu également, des personnages déguisés représentant grossièrement Bouddha et une autre divinité devant lesquels tout le monde se prosterna en priant. A trois heures, on décide de lever les voiles car notre taxi partagé pour Anmu, nous attend. Comme nous ne pouvons pas attendre le bus pour le retour, nous négocierons une voiture à 50 rps par personne.

Ce festival fut extraordinaire et authentique, haut en couleur, riche en spectacle avec beaucoup de locaux en tenue traditionnelle.


Le trek

C'est à partir du village d'Anmu que nous partirons en trek jusqu'à l’impressionnant monastère de Phuktal. Le retour se fera en passant par Purne où nous prévoyons faire étape.

Nous prendrons d'autre passagers qui voyageront dans la benne. Peu, très peu de portion bitumée, le reste n'est que de la piste et notre véhicule n'absorbe pas très bien les irrégularités de la piste. On s'arrêtera à Raru pour charger des sacs de riz destinés à l'approvisionnement des villages éloignés. Ça demandera un moment auquel il faudra ajouter des arrêts solidarité envers d'autres chauffeurs et des pauses clops. Il faudra plus de trois heures pour faire le trajet et lorsque nous atteignons le petit village d'Anmu, la nuit est tombée. Pas de problème pour trouver une guest house selon notre "rabatteur", il en connaît une et nous guide dans la nuit à travers les parcelles de cultures. Nous aurons droit au thé de bienvenue selon l'usage dans les homestay. Après le dîner, il sera trop tard pour prendre une douche, surtout à l'eau froide, aussi le lavage se limitera à nos chicos.

C'est aujourd'hui que débute notre trek, normalement de trois jours et on souhaiterait partir tôt pour éviter la chaleur. Allez c'est parti, on s'engage dans le chemin qui n'est en fait qu'une piste récemment tracée au bulldozer donc pas très agréable à marcher, très poussiéreuse. Au bout d'une demie heure, nous retrouvons quand même le sentier, beaucoup plus sympa. Jusqu'au village de Cha les dénivelées ne furent pas très importantes. Ce village est très joli et typique,il méritera plusieurs clichés. Le chemin se poursuit par une longue et pénible montée qui, l'altitude aidant, nous imposera de nombreuses pauses. Nous arriverons péniblement au point le plus haut qui culmine à plus de 4000 m d'altitude, d'où notre essoufflement. Au terme de 5 heures de marche, oui ce n'est pas une performance, nous atteignons notre but, le monastère de Phuktal. Pas de chance, l'unique guest house est complète mais il y aurait, selon les dires du moine qui la gère, une possibilité d'hébergement au monastère. 

Notre moine nous ouvre notre cellule, une pièce d'environ 10 mètres carrés où nous dormirons tous les quatre. Couvertures et tapis sont plus ou moins imprégnés de poussière mais on fera avec car il n'y a pas d'autre alternative. C'est l'heure de la puja, nous sommes autorisés à y assister mais dès que l'on pointe les appareils à photo où les cameras, la réaction des moines et moinillons ne se fait pas attendre:" No photo!".Pendant que les adultes suivent avec sérieux le déroulement de la cérémonie, il en est autrement pour les petits moinillons dont certains se dissipent volontiers, d'autres se laissent emporter par le sommeil, l'un d'eux laissera tomber sa tête qui se cogne contre la porte. A notre grande surprise, les adultes n'interviendront pas, c'est l'autodiscipline qui doit s'imposer.

C'est maintenant l'heure de la soupe avec les moines, une expérience inédite. Ils sont tous installés lorsque l'on se pointe dans le petit espace en plein air devant le gompa, les plus jeunes moines sont assis sur une sorte de couverture alignés sur trois rangées et sur le côté sont disposés les adultes. Le service est commencé, il est assuré par un jeune moine qui distribue la "tupka" contenue dans un seau avec une louche. C'est incroyable comment ils mangent, pas de façon très élégante on va dire et quand l'assiette est terminée, de grand coups de langue enlèveront les moindres traces de nourriture. Petits comme grands se livreront à cette pratique tout à fait admise en ces lieux. Côté gastronomie, alors là, c'est pas ça. On peut dire que ça ressemble à de la pâtée à cochons. Enfin ça nourrit. Pour se laver, il n'y a pas vraiment d'endroit dédié, le seul qui nous est accessible, c'est dans le chemin d’accès au temple où coule de l'eau canalisée. Ce sera donc une toilette en plein air rapide et succincte. 

Après cette bonne nuit de repos, nous avons prévu d'aller à Purne et peut-être d'y passer la nuit. Le chemin se continue de l'autre côté de la rivière et nous devrons emprunter une passerelle branlante, suspendue par des câbles. Le tablier du pont est confectionné avec des branches tressées sur lesquelles sont disposées quelques grandes pierres plates, c'est impressionnant. Le courant et le débit sont si forts qu'il nous laisserait quasiment aucune chance si la frêle passerelle venait à rompre. Il ne nous faudra que deux heures pour y arriver par un sentier pas trop difficile. Ce village, qui a servi de scène de tournage à l'émission de TV "rendez-vous en terre inconnue", ne compte tout juste que 3 maisons. On est un peu surpris par sa dimension, on se l'imaginait plus grand que ça. On y trouve quand même une petite boutique-resto. Il est à peine midi mais on risque de ne pas retrouver d'autre resto avant longtemps donc on s'avalera une Maggi soup trop épicée. On se renseignera où se trouve Dolma, l'héroïne de "rdv en terre inconnue", elle est paraît-il dans les champs mais son fils et sa fille sont là et nous informent qu'elle est à sa boutique-resto de l'autre côté du village. On y fera une halte, elle nous accueillera chaleureusement et nous offrira un thé. Dolma est fort sympathique, elle maîtrise assez bien l'anglais et semble d'un niveau assez élevé. Le village en lui-même ne semble pas présenter grand intérêt, aussi nous décidons de pousser jusqu'à Kalbok à deux heures de marche d'ici où nous pourrions trouver des hébergements, nous aurait-on dit. C'est jouable... mais on ratera le village qui n'est composé que de deux maisons. Il nous a été décrit comme un très bel endroit aussi on était loin de penser qu'il était si petit. Et maintenant qu'est-ce qu'on fait? Ça fait plus d'un quart d'heure qu'on l'a dépassé et en plus on n'est absolument pas assuré de trouver de l'hébergement. Nous n'avons donc pas d'autre choix que de regagner le village de notre départ du trek, Anmu, en espérant qu'il y ait une passerelle pour regagner l'autre rive car il nous faut traverser la rivière pour regagner Anmu. La passerelle est bien là, elle est du même style que celle de Phuktal et la remontée sur la rive opposée à l'air plutôt raide. Mais on est tout près du but. Chacun passera à son tour pas très rassuré et en surmontant ses peurs. Il ne reste plus qu'à gravir la rive et atteindre le village. Épuisés, nous arriverons à la guest house d'Anmu où nous apprécierons une bonne douche chaude. 

 


Le Rimpoche à Padum

Non loin de notre guest house et près du moulin à prière, un petit groupe de mamies, toutes vêtues de leurs plus beaux atours et bouquets de fleurs artificielles à la main, attendent le passage de ce petit demi-dieu que nous avions aperçu au festival de Sani, prêtent à lui offrir une kata blanche et à se prosterner devant lui. De petits foyers où brûlent des plantes et des morceaux de bois parfumés sont disposés au sol. Les banderoles de drapeaux de prières sont tendus en travers de la rue. Bref, c’est le grand jeu.

Après un long moment d’attente, voilà enfin la vedette du jour tant attendue qui arrive accompagnée d'un cortège de voitures chargées de musiciens, de femmes en tenue traditionnelle et de personnalités bouddhiques. Les mamies se mettent en rang sur le côté gauche de la rue et se prosternent lorsque la voiture du Rimpoche arrive à leur hauteur. Elle ralentira à peine et les mamies n'auront pas le loisir de lui offrir leurs katas, elles se contenteront de se prosterner à son passage.

Le cortège monte maintenant vers le gonpa à... on va dire 1.5 km de notre guest house. Beaucoup de locaux ont fait le déplacement pour voir leur idole, et nombreuses sont les femmes coiffées de leur peyrac. On en a jamais vu autant d'un coup. Tout le monde se rassemble sur l'étroit espace devant le temple et les serveurs se mettent en action pour offrir du thé, du riz et aussi des légumes cuisinés à toutes les personnes présentes y compris nous. Le Rimpoche sort maintenant du temple avec toute sa suite, précédé de joueurs de flûte et de tambours. Ses parents ainsi que son frère et sa petite sœur l'accompagnent dans tous ses déplacements. Les moines l'installent sur un palier des bâtiments annexes pour qu'il assiste à un spectacle de danseurs exécutés par des hommes puis par des femmes. Spectacle au rythme lent, qui ne l'intéresse nullement d'ailleurs, il préfère faire le clown avec son téléphone et ses chiens en peluche. Ce qui amuse les spectateurs et aussi les moines qui se comportent un peu comme des nounous envers le gamin. Eh oui, car ce n'est encore qu'un enfant, il n'a que 7 ou 8 ans et ne réalise sûrement pas la responsabilité de sa future fonction.

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